TIMOTHÉE (ÉPÎTRES À)

TIMOTHÉE (ÉPÎTRES À)
TIMOTHÉE (ÉPÎTRES À)

TIMOTHÉE ÉPÎTRES À

Avec l’Épître à Tite, les deux Épîtres à Timothée sont, depuis le XVIIIe siècle, appelées «pastorales»; Timothée, Juif par sa mère et Grec par son père (Actes, XVI, 1), rencontra Paul pour la première fois à Lystres (Actes, XIX, 22), de qui il reçut la circoncision. Il est appelé «collaborateur de Dieu» avec l’Apôtre (I Timothée, III, 2) et «véritable enfant de la foi» (I Timothée, I, 2). Il est aux côtés de Paul quand celui-ci écrit la plupart de ses lettres (I et II Thessaloniciens, II Corinthiens, Romains, Philippiens, Colossiens, Philémon); il l’assistait donc lors de ses voyages missionnaires. Avant de mourir, son maître veut le revoir une dernière fois (II Timothée, IV, 9, 21). La tradition le considère comme ayant été évêque d’Éphèse.

Les deux Épîtres à Timothée et l’Épître à Tite semblent être approximativement de la même époque: leur style et leur vocabulaire sont très proches. On ne peut retenir comme repère à ce sujet le troisième voyage missionnaire, car le disciple est aux côtés du maître. Dans I Timothée, I, 3, Paul est en partance pour la Macédoine, et il laisse à Timothée la charge de l’Église d’Éphèse. L’Apôtre ne semble pas être prisonnier. Il convient donc de situer la rédaction de cette lettre à une date postérieure au premier emprisonnement de Paul (61-63) et antérieure à la captivité qui précéda la mort de celui-ci, survenue, d’après la tradition, en 67. On peut retenir l’année 65.

La datation des Épîtres pastorales varie selon qu’on les considère comme pauliniennes ou non. Leur authenticité, en effet, n’est pas admise par tous les exégètes. À la différence des catholiques, les protestants ne la reconnaissent pas forcément. D’aucuns ont vu dans ces textes des documents de la fin du Ier siècle ou même du début du IIe. On a fait valoir que leur auteur lutte contre le gnosticisme; que le style en est lourd, monotone, moralisant et le vocabulaire peu paulinien; que l’organisation de l’Église, dont ces lettres font état, correspond à un stade tardif et peu antérieur au IIe siècle (elles dénoteraient une parenté avec la hiérarchie en place telle qu’elle apparaît dans les lettres d’Ignace d’Antioche). Mais, en sens contraire, on refuse d’y voir les repères significatifs de la gnose (le dualisme par exemple) et l’on essaie d’y déceler d’autres erreurs qui coïncideraient avec les groupes réellement pauliniens; on explique les particularités du style par l’influence de circonstances nouvelles, par le vieillissement de l’auteur et l’intervention de secrétaires; on fait remarquer aussi que la hiérarchie des «pastorales» n’en est qu’à ses débuts d’organisation et ne reflète nullement les nettes distinctions des lettres d’Ignace.

Le contenu de la première Épître à Timothée peut se diviser en cinq parties. La première comprend une adresse et une salutation (I, 1 et 2). La deuxième présente Timothée comme champion de la vérité (I, 3-20): menace des faux docteurs, vrai rôle de la Loi, Paul face à sa vocation, Timothée face à ses responsabilités. Dans la troisième, Timothée apparaît en organisateur du culte (II, 1-15): prière liturgique, tenue des femmes. La quatrième le voit en pasteur du troupeau (III, 1-VI, 2): les ministres (épiscopes, diacres), les faux docteurs, les fidèles (veuves, presbytres, esclaves). La conclusion (VI, 3-21) comprend un portrait du vrai et du faux docteur, un appel à Timothée, une description du riche chrétien, et se termine par une salutation.

Cette Épître rappelle l’importance des hymnes, en usage, depuis un certain temps, dans la liturgie chrétienne. Le salut par la foi en Jésus-Christ y est réaffirmé. L’enseignement moral, où les vertus — notamment les bonnes œuvres — tiennent une grande place, semble se résumer en cette phrase: «Exerce-toi à la piété» (IV, 7). Les «épiscopes» et les «presbytres», chargés des mêmes fonctions, doivent montrer l’exemple tout comme les «diacres». Le souci d’orthodoxie est très net: on s’en prend aux déviations de ceux qui se prétendent docteurs de la Loi, de ceux qui s’attachent à des légendes et à des spéculations généalogiques et qui sont victimes des tabous alimentaires.

La seconde lettre à Timothée a été rédigée à Rome au cours d’une sévère captivité dont Paul connaît l’issue fatale (IV, 6): tous les collaborateurs, sauf Luc, l’ont abandonné. C’est probablement la dernière lettre de l’Apôtre, écrite en 67, peu de temps avant sa mort, si du moins l’on admet la thèse de l’authenticité.

Cette lettre comprend d’abord une adresse et une action de grâces (I, 1-5). Elle parle ensuite de Timothée et de son témoignage pour l’Évangile (I, 6-II, 13): des grâces qu’il a reçues pour cela, du sens des souffrances de l’Apôtre. Puis Timothée est loué pour sa vigilance de pasteur (II, 14-IV, 5) face au péril des faux docteurs et au péril des derniers temps. Après un appel solennel vient la conclusion (IV, 6-22): Paul avant sa mort, dernières recommandations, salutations finales.

L’auteur affirme le rôle de la louange ainsi que la nécessité de la délicatesse envers ceux qui s’égarent; la souffrance de l’Apôtre a pour finalité le bien des fidèles; l’homme est sauvé par la foi, qui, adhésion et fidélité à la «saine doctrine», suppose la transmission sûre d’un dépôt (II, 2).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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